La Fruitière
Sur une initiative de Charles -Albert de Chevron Villette (1843 - 1922) , la société coopérative laitière de Gyez fut crée en 1876.
En 1923, à l'occasion de l'ajout d'une porcherie reliée à la fruitière par des petits rails sur lesquelles circulaient de petits wagonnets emplis de petit lait, les statuts furent renouvelés.
A cet effet, Charles -Albert en 1876 puis son fils Pierre (1885-1954) en 1923 cédèrent trois terrains à 200m de la ferme de Gy, le long de la RD142 pour établir :
- la fruitière elle même avec le logement du fruitier, la salle du travail du lait, celle de la fabrication des fromages et sa cave, (ce bâtiment demeure),
- le bâtiment de la porcherie dont le toit s'est envolé lors d'une tempête en 1993 ; démolie, son emplacement est devenu un parking communal,
- le terrain pour la fosse aux eaux usées de la porcherie.
En Savoie, hors pays de montagne, es fruitières se sont
créées au cours du XIXe siècle sur le modèle des fruitières suisses, (le gruyère nécessite une grande quantité de lait :environ dix fois le poids de la meule) pour fabriquer en un seul lieu des fromages sous la direction d’un professionnel, le « fruitier ». La
fruitière devient alors un syndicat de producteurs qui vend à l’année sa
production au fruitier.
En l'absence de système de réfrigération, le lait doit être traité
dans les plus brefs délais et la fruitière doit se trouver à proximité
immédiate des fermes, d’où le lait
est apporté dans des bidons (les bouilles ou boyes) à dos d’homme ou dans une
carriole. Ceci explique que fruitières sont de petite taille et
ne traitent chacune que la production laitière d’un village
C'est pour utiliser le petit-lait, résidu de la fabrication des fromages,
qu'une porcherie est très souvent adjointe à la fruitière.
La fruitière rassemblait matin et soir les porteurs de lait et
une grande partie du village, y compris les enfants, surtout le soir.
C'(était le lieu de la convivialité, du partage des nouvelles,.. Sa
disparition, l'avènement de la voiture puis du téléphone installèrent
une sorte de replis sur soi. La création par la commune d'une salle
communale "Robert Terrier" a pris le relai de cette convivialité grâce à
l'association des Forgalus qui organisent de multiples activités autour
du four à pain !
A partir de 1965, bon nombre de fruitières vont commencer à disparaître : du fait de
leur vétusté, de leur manque de capacité d'investissements pour se moderniser, parfois à cause des nuisances de l’élevage porcin. Apparaitra alors le regroupement des fruitières en coopératives ou
leur rachat par des sociétés industrielles laitières.
Il y aura jusqu'à plus de trente
coopérateurs, lorsque beaucoup se mirent à prendre un emploi posté tout
en conservant leur petite activité agricole. La feuille de presence de
1964 en témoigne avec encore 27 "porteurs de lait" dont deux pour les fermes du domaine de Gye.
A Giez, la fruitière sera dissoute le 18 mai 1995 lorsqu'il n'y aura plus
que 3 agriculteurs dans le village vendant directement leur lait à des
société fromagères.
La création de la fruitière à l'aube du XXe siècle impacta fortement la ferme de Gy : une partie du travail fait jusque là à la ferme, fut "délocalisé" ! Ce changement s'accompagnera d'autres tout au long du siècle : les machines agricoles remplaçant les outils à main, les premiers tracteurs avec des outils tractés puis portés, l'électricité, les pompes et les monte charges, les engrais, etc... Au fils des ans, moins de main d'oeuvre était nécessaire pour exploiter les terres de la ferme, l'autarcie devint moins nécessaire avec le développement des échanges et de la commercialisation, et finalement les bâtiments de la ferme de Gy, devinrent inadaptés à cette activité...
sources :
http://savoyards-du-monde.org/connaitre-la-savoie/les-fruitieres/
https://www.comte.com/une-tradition-millenaire/